La Centrale Générale des Services Publics entend grouper tous les travailleurs des services publics, concédés, d’intérêt public qui veulent lutter pour que seul un régime basé sur la liberté humaine et la justice sociale survive au bouleversement mondial actuel.
Cette justice sociale, véritable but des démocraties, est loin d’être réalisée et les travailleurs, quel que soit leur rang, n’ont pas cessé de subir la tutelle ouverte ou camouflée d’un capitalisme avide de profits.
Théoriquement, dans notre pays, un vaste domaine d’activités économiques et sociales était à l’abri de l’emprise financière ; c’est celui des administrations relevant de l’Etat et des pouvoirs publics en général, de l’enseignement et aussi des grandes entreprises d’utilité publique (comme la SNCB) mais qui n’ont de « nationales » que le nom.
En fait, les services publics ont été dirigés jusqu’ici dans un sens contraire à l’économie collective du secteur public, seule méthode capable de soustraire l’intérêt général à l’appétit des intérêts particuliers.
L’influence adverse du capitalisme a su, bien souvent, s’assurer la soumission des cadres dirigeants pour saboter le progrès, là où l’exemple de l’Etat aurait gêné l’exploitation sans scrupules du secteur privé; c’est ainsi que furent constamment empêchées la juste rémunération du personnel et la création d’un outillage national moderne, en même temps que des campagnes de presse suscitaient dans la population une attitude de méfiance, d’hostilité et de mépris.
Cette situation ne peut plus se produire. Après tant de misères, nous exigeons justice.
Une profonde transformation s’impose.
Les conditions nouvelles de l’après-guerre sont les plus favorables que nous ayons connues et un syndicalisme puissant en effectifs, sûr de sa doctrine, fort de l’action de ses membres, doit l’emporter sur les puissances financières qui tentent à nouveau de s’opposer au progrès social et de conserver des privilèges inouïs dans l’exploitation privée des entreprises d’intérêt public (distribution d’électricité, transports en commun, etc…).
L’Etat vaut ce que valent ses administrations. Il dépend de nous de le rénover en excluant de la direction des nouveaux organes économiques, tous les fauteurs de troubles du passé.
Nous jetterons ainsi les fondements d’une société où l’on ne déniera plus aux travailleurs la légitimité des besoins matériels et spirituels de la personne humaine.
Pour réaliser ce but, la C.G.S.P. fédérale adopte entièrement les principes de base de la constitution de la Fédération Générale du Travail de Belgique, à laquelle elle adhère.
Elle déclare que, dans l’indépendance vis-à-vis des partis politiques, tout en respectant toutes les opinions, elle visera avec tous les travailleurs, à l’établissement d’une société sans classes pour la démocratie économique et sociale, dirigée et contrôlée par les forces du travail.
Avec eux également, elle luttera pour la socialisation des entreprises d’intérêt public et des grands trusts bancaires et industriels, pour l’établissement d’un régime de sécurité sociale et elle adopte également le principe de la collaboration avec le mouvement syndical international.
Dès ce moment, la C.G.S.P. exige :
- la mise sous statut public des transports publics, et des entreprises du gaz et de l’électricité ;
- l’abrogation de tout ce que le système Camu a introduit de nuisible dans les rouages de chaque service (cloisons étanches, monopolisme sectaire du diplôme, mauvaise organisation, illogisme des matières d’examen d’admission et de promotion, etc…) ;
- la participation du personnel à la gestion de son département par la représentation directe des travailleurs au sein des conseils d’administration, par la création des comités techniques, ou conseils de la production et de commissions paritaires ;
- l’octroi, par toutes les administrations, de congés pour représentation syndicale, en maintenant les droits à l’avancement et la reconnaissance syndicale dans toutes les circonstances qui peuvent opposer le personnel à la direction.
La C.G.S.P., consciente de la grandeur de sa tâche, appelle à elle tous les travailleurs des services publics pour qu’ils rejoignent leurs frères au sein de la F.G.T.B. et jettent avec eux les bases de la société rénovée de demain.