Voici un dessin animé sur la Sécurité sociale.
La sécurité sociale, un « brol d’assistés »?
Yolande Moreau, Bouli Lanners et Charline Vanhoenacker prêtent leur voix à ce court-métrage d’animation (5 mn) réalisé par Lucie Thocaven et produit par le CEPAG.
La sécurité sociale vous protège. Tout au long de votre vie. Elle permet de faire face à une maladie, une incapacité de travail, une perte d’emploi, de financer vos soins de santé, votre pension, …
La Sécurité sociale n’a pas toujours existé. C’est une création qui remonte au 19ème siècle et qui est issue du mouvement ouvrier et de ses combats.
Sur fond de crise et de grandes grèves, les travailleurs se sont alors organisés pour venir en aide aux retraités, aux malades, à ceux qui perdaient leur emploi. Les travailleurs versaient volontairement une part de leur salaire dans un pot commun, c’était de la solidarité à l’état pur !
Ce système a évolué au fil du temps. De conquêtes sociales en négociations avec les patrons et le gouvernement, syndicats et mutuelles se sont battus pour étendre le système. Et c’est avec le Pacte social, conclu par les syndicats et les employeurs, à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, que la Sécurité sociale telle que nous la connaissons aujourd’hui a vu le jour : un système complet d’assurances sociales, régi par l’Etat et les interlocuteurs et acteurs sociaux (patronat, syndicats et mutuelles), sur base de cotisations obligatoires.
La Sécurité sociale repose sur 3 régimes (travailleurs salariés, indépendants et fonctionnaires). Les travailleurs salariés représentent 80% des personnes concernées par la Sécu.
Pour ces derniers, c’est à l’ONSS (Office national de Sécurité sociale) que sont versées les cotisations des travailleurs et des employeurs. Cet organisme finance les différentes branches de la Sécurité sociale selon leurs besoins.
Les 7 branches de la Sécu :
- Soins de santé et maladie-invalidité
- Pensions
- Chômage
- Allocations familiales
- Accidents du travail
- Maladies professionnelles
- Vacances annuelles (ouvriers)
La santé (soins de santé, incapacité de travail et invalidité) et les pensions représentent la plus grosse part des dépenses de la Sécurité sociale, soit plus de 70% du budget. Nous sommes donc loin des stéréotypes qui visent les « chômeurs profiteurs ».
Elle est alimentée par plusieurs sources de financement :
- les cotisations sociales prélevées sur vos salaires ( plus de 70% des recettes ! ) ;
- les moyens fiscaux :
- le financement alternatif : il s’agit de recettes fiscales servant à compenser les réductions de cotisations sociales accordées aux employeurs ;
- la dotation classique de l’État ;
- la dotation d’équilibre de l’État si le budget de la sécu est en déficit.
790 millions € de déficit, comment c’est possible? Pas assez de recettes!
- Pour pouvoir boucler ses budgets, l’Etat a progressivement diminué sa quote-part dans la Sécu. Cela a été compensé par le financement alternatif, mais en partie seulement.
- S’il y a moins d’emplois, il y a moins de travailleurs qui cotisent. La crise de l’emploi, le chômage, l’austérité, la frilosité des patrons à engager… participent donc à la diminution des recettes.
- En chuchotant à l’oreille des gouvernements successifs que le travail coûte trop cher, que les salaires constituent un « handicap » à la compétitivité des entreprises belges, le patronat n’a cessé d’obtenir des réductions de cotisations.
Qui dit moins de cotisations de la part des entreprises, dit moins d’argent dans la tirelire :
10 milliards par an, le voilà le vrai trou de la Sécu !
C’est un bénéfice direct pour les entreprises car aucune contrepartie ne leur a été imposée. On observe par ailleurs que le montant des dividendes octroyés aux actionnaires en 2016 correspond grosso modo à la somme que les entreprises ne versent plus dans le pot commun de la Sécurité sociale.
La Sécu est donc partiellement détournée de son objectif premier – offrir une protection sociale – au profit, notamment, des actionnaires.
Et pendant ce temps, le trou dans la Sécu se creuse…
Il faut donc adapter la Sécurité sociale aux changements de la société et tenir compte des nouveaux besoins liés au vieillissement de la population, à la robotisation…
La moderniser, cela signifie l’adapter aux besoins d’aujourd’hui et de demain. Nous optons donc pour une réforme ultra moderne basée sur 3 principes :
- La fin de l’hémorragie des réductions de cotisations sociales.
- La réduction du temps de travail (avec embauche compensatoire et sans perte de salaire) : si on répartit mieux le travail, on élargit la base de cotisation. #4J .
- L’égalité salariale entre les femmes et les hommes : à compétences équivalentes, les femmes gagnent encore 20% de moins que leurs collègues masculins. Augmenter le salaire des femmes, c’est tendre vers l’égalité mais aussi augmenter les cotisations pour la Sécu.
- L’instauration d’un CSG (cotisation sociale généralisée) qui repose sur :
– La contribution des autres types de revenus que ceux liés au travail.
– Une progressivité du montant avec exonération pour les bas revenus.
L’allocation universelle revient en force comme piste face aux évolutions du monde du travail. Elle alimente la thèse de l’extinction de l’emploi. Mais dans l’intérêt de qui ?
L’allocation universelle, c’est un montant/revenu de base versé tout au long de la vie, à tous les membres d’une communauté (Etat), sans aucune condition. Libre à chacun de le compléter par des revenus issus d’un travail.
Alléchant, non ? Sous des dehors très sympathiques, l’allocation universelle revêt des enjeux capitaux, directement en lien avec le financement de la sécurité sociale.
- L’idée n’est pas neuve. Elle puise ses racines dans le projet libéral (théorisée par Milton Friedman, 1912-2006). Il s’agit donc d’abord d’une idée de droite.
- Elle repose sur l’égalité des chances : chacun fera fructifier son revenu de base comme il l’entend. Et non pas sur la réduction des inégalités : les droits sociaux découlent de la solidarité et de la redistribution des richesses.
- Elle est en concurrence directe avec la Sécurité sociale et peut aller jusqu’à la supplanter. Impossible de financer les deux ! Elle rompt le lien entre le travail et la protection sociale puisque la somme versée ne découle plus d’un droit construit par le travail : la socialisation des richesses disparaît. Bye bye la solidarité !
- Elle consacre le fait que le revenu n’est pas nécessairement lié au travail. De là à dire que ce n’est pas le travail mais le capital qui crée la richesse, il n’y a qu’un pas !
- Elle tire les salaires vers le bas puisque les employeurs n’auront plus qu’à proposer un complément suffisamment attractif pour rémunérer le travail. C’est donc une prime supplémentaire au patronat et un moyen de déstructurer le marché du travail.
- Elle fait peser sur les épaules de l’individu la responsabilité de son sort : se contenter d’un revenu de base ou le « compléter » par un emploi et ne remet pas en cause le système économique par rapport au chômage structurel.
Nous préférons répondre aux défis qui viennent par des solutions solidaires. L’emploi n’est pas en voie d’extinction, le travail change de nature et se précarise. Il n’y a pas donc pas d’autre alternative que la réduction collective du temps de travail pour garantir un emploi convenable à la majorité des travailleurs et un meilleur équilibre entre hommes et femmes sur le marché de l’emploi. Si on est plus nombreux à travailler, nous serons plus nombreux à cotiser. Sécu FD !
Plus d’info:
http://www.cecinestpasuntrou.be
http://www.everybodywins.be/language_selection
Tract: notre sécurité sociale en danger