Résumé de la situation:
Les travailleurs du service de prévention de la commune de Saint-Gilles ont appris il y a quelques jours à peine qu’un redéploiement des effectifs de leur service allait être réalisé à des fins de mission de prévention sur le terrain auprès de la population de certains quartiers de SG et des sans-abris, notamment dans le cadre de la réquisition par le bourgmestre d’un hôtel destiné à loger et confiner des sans-abris.
N’ayant reçu que très peu d’information de leur direction, très logiquement et très inquiets, comme le ferait n’importe qui actuellement pendant cette pandémie, les travailleurs posent des questions, bien légitimes, à leur directrice de département:
- sur les équipements de protection que la commune va mettre à leur disposition pour les protéger de la contamination au Covid19 car rien n’est expliqué à ce sujet,
- sur les horaires et roulements puisque apparemment il s’agirait de maintenir une garde toute la nuit,
- sur le contenu précis de cette nouvelle mission puisqu’il n’est pas dans leurs tâches habituelles d’intervenir sur le terrain dans les rues de SG,
- sur le fait de devoir abandonner leur mission première avec leur public alors que personne d’autre ne serait prévu pour l’effectuer…
La réponse de la directrice du département laisse ses travailleurs dans l’inquiétude et la perplexité: arguments d’autorité et culpabilisation mais aucune réponse sur le fond n’est expliquée, aucune réponse constructive, seulement des ordres! Sans compter le ton agressif et violent! La pédagogie appliquée à Saint-Gilles: du grand n’importe quoi! Inadmissible, non seulement en temps normal, mais encore plus aujourd’hui!
Qu’en est-il de la bienveillance et du respect envers le personnel, des obligations de la ligne hiérarchique et de l’employeur ? A la trappe l’obligation d’informer, de former, de procéder à une analyse de risques! A la poubelle la concertation sociale, le comité de prévention! Les travailleurs n’ont qu’à suivre les ordres et se taire à la commune de Saint-Gilles!
Dès le début des mesures de confinement, nos services respectifs avons obtenu l’aval de notre hiérarchie pour effectuer nos prestations en télétravail, conformément aux recommandations des experts et du gouvernement.
Depuis, nous effectuons nos prestations dans un contexte perturbé, mais les effectuons quand même. Et nous devons insister sur le fait que notre travail est tout à fait pertinent dans le contexte du confinement, au vu des nombreux conflits, préoccupations de nature juridique et scolaire que se pose la population.
Lundi 6 avril, à 15h58, nous recevons une « note » on ne peut plus imprécise de la part de notre hiérarchie à laquelle il nous est demandé de répondre dans un délai intenable (moins de 12h).
Dans cette note, il est question d’un « redéploiement » des effectifs et sont évoqués les services Justice de proximité, Médiation, SEMJA et Médiation scolaire. Des travailleurs qui ne sont donc pas habituellement amenés à travailler en rue.
La note et les mails qui l’accompagnent ne permettent pas de déterminer
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- S’il s’agit d’un ordre ou d’un appel au volontariat
- L’état de la pénurie d’effectifs
- Le nombre de travailleurs qui doivent être « redéployés »
- La nature des tâches qui nous seront confiées
- Le temps pendant lequel les travailleurs doivent abandonner leurs tâches habituelles
- Le temps que les travailleurs doivent réserver à leurs tâches habituelles
- La période pendant laquelle les travailleurs devront abandonner leurs tâches habituelles
- La protection qui sera fournie aux travailleurs une fois qu’ils seront placés dans la rue
Dans le contexte actuel, faire du travail en rue comporte un risque conséquent d’être contaminé par le Covid, ou de le transmettre à nos collègues et au public. A cela s’ajoute le fait que certains travailleurs se trouvent dans une tranche d’âge, ou présentent des affections qui les rendent particulièrement vulnérables à la maladie.
Nous sommes en outre des travailleurs contractuels et, à ce titre, ne sommes pas soumis à la loi du changement qui s’applique aux travailleurs statutaires. Contrairement à ce que suggère la directrice de département, nous ne sommes donc pas tenus de répondre favorablement à n’importe quelle demande de notre employeur, mais seulement à celles qui entrent dans le cadre de notre descriptif de fonctions. Et à notre connaissance, le confinement ne s’accompagne pas d’une mise entre parenthèse du droit du travail.
Dans un tel contexte, il était tout à fait légitime que les travailleurs demandent des éclaircissements quant à la « demande » qui nous était adressée.
Certains collègues ont même, dans la foulée, fait part de leur disponibilité.
Comme réponse, nous recevons un courriel cinglant de la part de la directrice de département ce jeudi 9 avril à 12h33.
Nous estimons que ce message constitue une tentative d’intimidation qui trahit le dédain de la directrice de département pour le droit à l’information le plus élémentaire et s’accompagne en plus de commentaires moralisateurs déplacés.
Le fait que certains travailleurs se soient exécutés sans sourciller n’implique pas que les questions que nous posons soient illégitimes. Au regard du comportement de la directrice de département, peut être traduit-il le climat délétère qui règne au sein de la Prévention.
Quant à la question de la solidarité, ne nous trompons pas : la solidarité, dans le contexte actuel, c’est de respecter autant que possible les consignes de télétravail qui permettent au personnel soignant de ne pas être davantage submergé de patients. Ce n’est pas d’inonder de manière inconsciente et inutile les rues de travailleurs, de multiplier d’autant les contacts sociaux et de contribuer ainsi davantage à la propagation de la maladie. Ce n’est pas non plus en abandonnant le public qui sollicite nos services respectifs que nous permettrons de répondre aux préoccupations de la population en cette période.
Un message de cette nature ne contribue certainement pas à alléger la charge psychosociale que les travailleurs ont à supporter, déjà assez lourde en ces temps troublés.
Nous aimerions donc tout d’abord avoir l’assurance qu’il n’y aura pas de représailles à l’égard des travailleurs, qui font ce qu’ils peuvent dans ce contexte très particulier. Nous aimerions aussi que l’on reconnaisse que la situation actuelle ne justifie pas un traitement irrespectueux des travailleurs, que leurs questionnements sont légitimes et qu’ils méritent une réponse.
Nous insistons enfin sur toute l’admiration que nous avons pour les travailleurs qui doivent dans ce contexte effectuer leurs prestations en rue, nos collègues en particulier. C’est eux aussi que nous applaudissons à 20h. Nous pensons que les demandes d’informations que nous avançons vont dans le sens de leurs intérêts : multiplier le nombre de contacts qu’ils entretiennent avec leurs collègues multiplie d’autant le risque de contracter la maladie. Il n’est donc pas judicieux d’avoir recours à un « redéploiement » tant que cela ne s’avère pas absolument nécessaire. Et si tel est le cas, que cela se fasse dans le respect des travailleurs, de leurs droits et de la concertation sociale.