A l’occasion de la Journée internationale des femmes, voici une question que je propose de nous poser: qu’est-ce qui nous fait participer à des commissions femmes ?
Peut-être le sentiment diffus d’une l’inégalité, d’une situation particulière et défavorable découlant du fait d’être femme. On peut mettre des chiffres sur ce sentiment, comme par exemple 20%, le montant de l’écart salarial entre les hommes et les femmes et Belgique pour l’année 2015. On peut aussi y mettre des mots et des concepts comme la domination masculine, la misogynie, le féminisme … Mais au final, c’est bien notre expérience personnelle qui détermine notre engagement et notre participation à des structures féminines: c’est notre conviction qu’être une femme crée à notre encontre à la fois des attentes et des interdictions, que ce soit à la maison, au bureau, au syndicat, dans nos loisirs …
C’est pour cela que, au sein de notre organisation syndicale, des structures féminines ont été créées, pour nous permettre de trouver notre place au sein de la CGSP, et de traiter entre nous des sujets éternels concernant notre situation : l’égalité salariale, le sexisme auquel nous faisons face, le fameux « plafond de verre »… Ces débats démontrent en réalité une nécessité, celle du gender mainstreaming : il faut que toute décision, toute politique, toute réalité, soit analysée en prenant en compte son impact différencié sur les femmes.
Actuellement, au nom de l’égalité et du mythe consistant à dire qu’elle est déjà une réalité, les structures féminines sont attaquées. On conteste le droit, voire même l’intérêt, pour les femmes de continuer à se réunir entre elles. Or, l’égalité en droit dont jouissent à présent les femmes n’équivaut pas, loin s’en faut, à une égalité de fait. Il est bien entendu dans l’intérêt de la lutte que nous menons de diffuser largement ce message, et donc également auprès des hommes. Mais il n’en reste pas moins que c’est avant tout aux femmes et à elles seules de définir le cadre et le contenu de cette lutte et la façon de la mener, au sein de groupes dans lesquels la parole est libre et où l’affirmation d’une différence ou d’une discrimination ne sera pas perçue comme une attaque contre l’autre moitié de l’humanité. C’est pour cela que les commission femmes non-mixtes gardent toute leur pertinence, et que nous devons revendiquer le droit de nous réunir entre femmes. Pourquoi participons-nous à des commissions femmes? Tout simplement parce que nous sommes des femmes, et qu’à ce titre, nous sommes des oppressées.
Clio Liégeois, Présidente de la Commission femmes IRB.
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